Inspiration, es-tu là ?
Quoi de plus difficile que le non-brief ? Celui où le client vous laisse carte blanche, pensant faire un cadeau au créatif. Le champs des possibles est alors infini et c’est précisément à ce moment-là que le fameux syndrome de la page blanche risque de s’inviter ! Par où commencer, quelle direction empruntée si tous les chemins sont permis ?!
Certains clients préfèrent vraiment laisser le créatif œuvrer seul pour être surpris, d’autres se mettent dans cette position parce qu’ils n’arrivent pas à exprimer leurs envies, leurs besoins. Dans tous les cas, j’aime alors partir à la pêche aux idées… au détour de la conversation, j’arrive toujours à glaner quelques informations qui me seront précieuses. Indispensable donc d’avoir un point de départ. Un premier jalon à partir duquel je vais dérouler une bobine et tisser ma toile créative.
Et c’est à ce moment-là que l’inspiration va entrer en scène, pour faire grandir cette toile et nourrir le projet.
En termes d’inspiration, chacun a certainement ces propres stimuli. Certains seront sensibles aux images, d’autres aux sons, certains auront besoin de parler, d’échanger, d’écrire, d’être dans un endroit précis… Chacun a son propre processus.
Pour moi, le temps et l’expérience, m’ont montré que j’avais besoin d’accueillir le projet « brut » dans un premier temps. C’est pourquoi lors du brief client, j’écoute beaucoup, la demande, les besoins, l’histoire du projet, et recueille ensuite les informations nécessaires. Ensuite, j’ai besoin de m’en imprégner puis de laisser infuser dans mon esprit seul, presque à mon insu.
Pendant cette phase, mon esprit et ma créativité ont besoin d’être stimulés. Visuellement dans un premier temps. C’est là que je crée mes moodboards, collages sur lequel j’associe toutes sortes d’images (couleurs, nature, décoration, architecture, mode, paysage, matières, typographie, graphisme…) qui viennent nourrir le projet. J’engrange bon nombre d’images, trouvées sur internet, mais aussi des éléments que je photographie dans la rue. Le téléphone mobile a ce côté très pratique pour récolter toutes sortes d’idées sur le vif (la prise de notes est aussi facilitée). Les moodboards sont très utilisés chez les décorateurs, architectes, agences de style.
D’ailleurs j’aime présenter ces planches d’inspiration lors de mes rendus client, car elles permettent d’expliquer de quelle façon j’ai cheminé et pour quelles raisons je présente telle ou telle piste.
Parfois cette stimulation visuelle ne suffit pas, je me sens bloquée, j’ai alors besoin de m’aérer l’esprit ; marche en forêt, visite d’exposition, film, lecture sont de bons moyens pour avoir l’impression de couper la recherche… alors que mon cerveau travaille seul, en sous-marin !
« Accueillir, s’imprégner, laisser infuser, construire, présenter et ajuster, voilà les différentes phases de mon processus créatif. »
Si l’inspiration a un côté furtif, elle ressemble finalement plus à un muscle que l’on prend l’habitude de faire travailler. Avec les années, la terrifiante « panne d’inspiration » se fait plus rare et quand elle pointe le bout de son nez, je sais maintenant comment l’accueillir et quel carburant lui donner. Grâce à l’atelier animé par Martine Baratte Biolley, que j’ai suivi récemment, j’ai pris le temps de réfléchir à mon processus créatif et de le décrypter.
Aujourd’hui, je le/me connais bien mieux.
Atelier « Décrypter son processus créatif » animé par Martine Baratte Biolley, co-pensé avec l’Attache Parisienne
Inspiration et environnement,
l’exemple du peintre David Hockney
De nombreux artistes peintres ou plasticiens sont fortement inspirés du lieu où ils se trouvent. David Hockney, dont les récentes œuvres s’exposent partout dans le monde, en est un bon exemple. Dans les années 60, quittant son Angleterre natale, il découvre Los Angeles, ses couleurs flashy et ses villas avec piscine ! De cet environnement, il peindra de nombreuses toiles représentant les piscines californiennes. Aujourd’hui en Normandie, son travail a un tout autre visage : prairies, pommiers en fleurs, chaumières sont au centre de ses œuvres.
crédits photos : Adobe Stock – Sandrine Jacomelli pour le studio clara bée – Jean-Pierre Goncalves de Lima